Adam Angst, brutalité, cynisme et pas de compromis

Adam Angst, brutalité, cynisme et pas de compromis

Formé en 2014, le groupe Adam Angst a sorti son premier album le 20 février 2015 sous le label Grand Hotel van Cleef dont deux des fondateurs sont de véritables institutions du rock indépendant allemand : Marcus Wiebusch et Thees Uhlmann. Avec Adam Angst, son nouveau poulain, le label prouve une nouvelle fois qu’il fait dans la qualité.

Le leader du groupe est Felix Schönfuss, venu de l’ex-groupe Frau Potz. Avec Adam Angst, Felix Schönfuss vient avec le cœur empli de haine et nous propose onze chansons aux paroles saturées de rock alternatif.

Un groupe de punk rock, c’est clairement ce qu’est Adam Angst. Et ce qu’il a à dire, il le dit avec force et brutalité, avec cynisme, et sans compromis…

Un peu de rage ne fait pas forcément de mal, en particulier lorsque les paroles sont pertinentes, sincères et percutantes. Et jamais elles ne se limitent à des banalités en insultant bêtement et méchamment le système.

La rage de Felix Schönfuss s’abat sur la faiblesse humaine et sa propension à tourner lâchement le dos à toute morale. Contrairement à un groupe comme Turbostaat, dont la parole est obscure, avec Adam Angst on comprend très bien qui est montré du doigt sans qu’il soit nécessaire de le faire grossièrement.

L’album s’ouvre sur une chanson quasi épique annonçant la fin du monde : « Jesus Christus ».

Ihr habt mich ausgepeitscht,
Ihr habt mich angespuckt,
Mir Nägel durch die Glieder,
schlagen war euch nicht genug.
Ich habe abgewartet und mir das angesehen,
Jetzt komme ich zurück und bringe euch ein Problem,
Denn jetzt kommt die Revanche.

 

Vous m’avez fouetté,
vous m’avez craché dessus,
transpercé avec des clous.
M’asséner des coups ne vous a pas suffi.
J’ai attendu, observé.
Aujourd’hui je reviens et ça va vous poser un problème,
Car maintenant arrive ma revanche.

 

Schluss jetzt hier mit Friede Freude,
Jetzt wird bezahlt,
Denn euer Jesus hat die Schnauze voll,
Und hat Bock auf Gewalt.

 

Paix et joie, c’est fini,
Maintenant il va falloir payer,
Car votre Jésus en a ras-le-bol,
Et il est avide de violence.

Adam Angst, brutalité, cynisme et pas de compromis

Felix Schönfuss, chanteur, faisait également partie de Frau Potz, un groupe de punk rock d’Allemagne du Nord, fondé en 2007 et qui a donné son concert d’adieu en mai 2015.

Après cette chanson très dure s’ensuit un second tube baptisé « Ja, Ja ich weiß », qui traite d’une manière extrêmement pessimiste et cynique de la vie de couple.

La chanson suivante « Die Professoren » ne pouvait pas être plus d’actualité qu’en ce moment. En effet, elle traite de la condition des émigrés en Allemagne.

An den Imbissbuden stehen die Professoren,
Zwischen Currywurst,
Oettinger und Doppelkorn.
Sie wissen ganz genau was fehlt im Land,
Ich hab’ ‘nen Nazi am Geruch erkannt.
An den Imbissbuden stehen die Professoren,
Der Schweiß tritt ihnen aus den Poren.
Sie reden von den alten Werten,
Mit Schaschliksoße in den Bärten.

 

Au snack du coin se posent les professeurs.
Entre les saucisses au curry,
Oettinger et un schnaps.
Ils savent parfaitement ce qui ne va pas dans le pays,
et moi je reconnais l’odeur du nazi.
Au snack du coin se posent les professeurs.
La sueur transpire de leurs pores.
Ils parlent des vieilles valeurs
avec de la sauce à BBQ dans leur barbe.

Dans « Wunderbar », la chanson s’attache avec émotion à parler de l’individualisation et de l’échec dans notre monde régi par Internet et les médias sociaux.

Danke Youtube, Danke Microsoft.
Und danke Alkohol.
Großen Dank an das Sozialsystem,
Und an Tetrahydrocanabinol.
Der Briefkasten voll.
Der Kühlschrank leer.
Die Nachbarn könnten denken, du lebst nicht mehr.
Doch sie würden über deine Leiche gehen,
Denn auch sie haben gelernt nicht hinzuseh’n

 

Merci Youtube, merci Microsoft
Et merci à l’alcool.
Un grand merci au système social,
et au THC.
La boîte aux lettres est pleine.
Le frigo vide.
Les voisins pourraient croire que tu ne vis plus.
Mais cela ne les empêcherait pas de marcher sur ton cadavre
car eux aussi ont appris à ne plus regarder.

Ainsi, on voit qu’Adam Angst brosse un portrait très pessimiste de notre société. Tous les sujets y passent, la télé réalité ne pouvait bien évidemment pas échapper à la plume critique du groupe.

Sie kommen in Scharen und vergiften den Verstand.
Also lauft um euer Leben, lauft um euer Leben.
Mit der Kamera im Anschlag stellen sie euch an die Wand
und es macht “ Cut, Cut, Cut! ”,
denn neue Versager braucht das Land.
Der Makel anderer Menschen war schon immer amüsant.

 

Ils viennent en masse et empoisonnent la raison.
Alors courrez pour votre vie, courrez pour votre vie.
Ils vous poussent contre le mur avec leur caméra
et ça fait ” Coupez, coupez, Coupez ! “,
car le pays a besoin de nouveaux losers.
La faiblesse des uns a toujours amusé les autres.

Adam Angst, brutalité, cynisme et pas de compromis

Le label indépendant Grand Hotel van Cleef basé à St. Pauli, un quartier de Hambourg, a été créé en 2002 par Thees Uhlmann du groupe Tomte, ainsi que Marcus Wiebusch et Reimer Bustorff du groupe Kettcar

Felix Schönfuss n’hésite pas non plus à porter la critique sur lui-même. Dans « Was der Teulel sagt », les situations parleront à chacun de nous, voire nous rappelleront des souvenirs :

Ich möchte jetzt am liebsten einfach auf den Tisch steigen
und dir deine blöde Pampe durch’s Gesicht reiben.
Doch der Geist ist willig, nur das Fleisch ist schwach.
Hör doch einmal nur auf das, was der Teufel sagt.
Wie oft stelle ich mir vor, es einfach mal zu tun,
doch ich bleibe ein Idiot und sag nur: “ Oh, echt? Cool. ”

 

Ce qui me ferait le plus plaisir, ce serait de monter sur la table,
et de te tartiner le visage avec ta stupide bouillie.
Mais si l’esprit est plein d’ardeur, la chair, elle, est faible.
Si seulement j’écoutais ne serait-ce qu’une fois les conseils du Diable
À chaque fois, je m’imagine le faire
Mais à la place, je reste là comme un idiot et je réponds : ” Oh, vraiment ? Cool. “

Presque un véritable hymne, la chanson « Splitter von Granaten » apparaît comme un défouloir pour Felix Schönfuss qui y déverse toute son amère déception du monde.

Le pessimisme des paroles transparaîtra jusque dans la dernière chanson, « Altar », montrant au public une image sordide des relations entre les gens.

Grâce à la pertinence de ses paroles et à la formidable voix de Felix Schönfuss , Adam Angst fait partie des groupes de rock allemands clairement prometteurs.

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